Temu, Shein, AliExpress : la va taxer tous les colis provenant de Chine

Face à l'afflux massif de produits venus de Chine, le Gouvernement entend faire payer aux plateformes comme Temu, Shein et AliExpress des "frais de gestion" sur chaque petit colis, tout en renforçant les contrôles.
Grâce à une stratégie marketing particulièrement agressive et à des prix imbattables, les plateformes de e-commerce chinoises, comme Shein, commerce en ligne rencontrent un succès fulgurant.
Et c'est le cas de le dire ! En 2024, pas moins de 4,6 milliards de colis d'une valeur inférieure à 150 euros sont entrés dans l'Union européenne, dont 91 % provenaient de Chine. Parmi eux, 1,5 milliard de colis ont été livrés en , dont plus de la moitié sous le seuil fatidique des 150 euros, qui exempte de droits de douane. Cela crée un fort déséquilibre qui inquiète les industriels français, d'autant plus dans le contexte international particulièrement tendu. Alors que Donald Trump a décidé d'augmenter les droits de douane, le Gouvernement craint que cela n'entraîne la redirection des flux de marchandises asiatiques vers l'Europe. Aussi, il a détaillé ce mardi 29 avril un plan d'action, qui prévoit notamment de faire payer aux importateurs et aux plateformes "des frais de gestion" de "quelques euros" pour les petits colis en provenance de Chine.
Temu, Shein, AliExpress : des "frais de gestion" de quelques euros
Quatre membres de Bercy, à savoir Éric Lombard (ministre de l'Économie), Amélie de Montchalin (ministre des Comptes publics), Véronique Louwagie (ministre déléguée chargée du Commerce et de l'Artisanat) et Clara Chappaz (secrétaire d'État chargée du Numérique), se sont rendus à l'aéroport de Roissy pour parler "régulation" et "sécurité des plateformes de e-commerce".
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, annonce "des frais de gestion forfaitaire" pour le contrôle des colis chinois dès 2026 pic.twitter.com/AsocUdZCDD
— BFMTV (@BFMTV) April 29, 2025
Actuellement, dans l'Union européenne, les colis achetés en ligne à un pays extérieur à l'UE ne sont pas soumis à des droits de douane si leur valeur est inférieure à 150 euros. Cette exonération des taxes permet aux plateformes chinoises de proposer des produits beaucoup moins chers, tout en évitant les inspections douanières, qui pourraient mettre au jour les produits de contrefaçon, qui sont légion sur ce genre de sites. Aussi, la Commission européenne travaille à abolir ce seuil actuel de 150 euros, mais cette décision risque de ne pas être effective avant 2028, date prévue de la prochaine réforme douanière (voir notre article).
En attendant cette réforme, le Gouvernement envisage donc d'instaurer des "frais de gestion" forfaitaires sur chaque colis. Cela représenterait quelques euros par colis et ne devrait donc pas trop faire gonfler les prix. En revanche, ramené sur 800 millions de colis, cela représenterait tout de même 400 millions d'euros qui iraient dans les caisses de l’État, afin de financer davantage de contrôles. La espère que d'autres pays européens suivront le mouvement, afin que les flux ne soient pas redirigés vers un autre territoire. "Les Pays-Bas sont très intéressés" et "nous espérons réunir le plus vite possible un groupe de pays qui puisse mettre en place cette mesure", a expliqué la ministre des Comptes publics.
Temu, Shein, AliExpress : un renforcement des contrôles fiscaux et de sécurité
Justement, en parlant de contrôles, le ministère de l'Économie notre article).
Le Gouvernement prévoit également un renforcement de la traque aux fraudeurs fiscaux. Ainsi, les importateurs qui ne présenteront pas leurs registres après demande de l'istration ou encore les représentants fiscaux sans garanties requises de solvabilité seront radiés. Les résultats de ces contrôles seront accessibles aux consommateurs via le site Internet de la DGCCRF, Rappel'Conso et les réseaux sociaux. Les Français seront alertés non seulement des produits dangereux, mais aussi que "les produits similaires sont susceptibles de présenter les mêmes défauts".
La tâche du Gouvernement est périlleuse, puisqu'il doit à tout prix éviter de froisser les consommateurs, qui ne sont pas prêts à renoncer à tous ces produits bon marché, malgré le coût environnemental. "Il ne s'agit pas de remettre en cause ce type de commerce qui nous semble constituer également un progrès, puisqu'il permet aujourd'hui à de nombreux consommateurs français de pouvoir répondre à leur besoin, de pouvoir se faire plaisir, parfois à des urgences, à des tarifs qui peuvent être intéressants pour eux", affirme Bercy. "Nous ne sommes pas dans une vision manichéenne des choses". Un difficile équilibre à maintenir...