IPTV pirate : la justice française force les VPN à bloquer 200 sites de streaming sportif

Canal+ et la LFP viennent de remporter une bataille décisive dans leur guerre contre l'IPTV pirate. La justice française va obliger les principaux fournisseurs de VPN à bloquer l'accès à plus de 200 sites de streaming illégal. Une décision historique..
Le streaming illégal de compétitions sportives – et plus particulièrement de matchs de foot – est devenu un phénomène massif ces dernières années. Face à l'augmentation des tarifs des plateformes de streaming et des chaînes télé spécialisées – à commencer par DAZN –, de nombreux amateurs de ballon rond se sont tournées vers des services d'IPTV pirates qui proposent un accès complet à une multitude de programmes payants pour une somme dérisoire – une cinquantaine d'euros par an en général. Bref, le streaming illégal de foot est devenu est véritable sport national, notamment en , malgré les efforts des diffuseurs pour freiner l'essor de ce phénomène qui obère leurs revenus.
IPTV pirate : une décision de justice historique
Jusqu'à présent, les internautes contournaient facilement les blocages mis en place par les fournisseurs d'accès à internet (FAI) grâce à des services de VPN, qui permettent de changer leur localisation. Mais cela va devenir beaucoup plus difficile : pour la première fois, la justice française impose aux VPN eux-mêmes de bloquer l'accès à plus de 200 sites diffusant illégalement des compétitions sportives.
La décision est tombée le 15 mai 2025, et elle marque un tournant juridique. Saisi par Canal+ et la Ligue de football professionnel (LFP), le tribunal judiciaire de Paris a en effet estimé que les VPN comme NordVPN, ExpressVPN, Cyberghost, Surfshark ou encore ProtonVPN devaient prendre des mesures actives pour empêcher l'accès à ces plateformes pirates. Parmi elles figurent des sites bien connus des amateurs de streaming illégal comme Rojadirecta, StreamEast ou LiveTV. Ces plateformes retransmettent sans autorisation des compétitions dont les droits ont pourtant été achetés à prix d'or par les chaînes françaises.
Jusqu'ici, les VPN s'étaient toujours défendus en avançant leur neutralité. Selon eux, leurs outils ne sont ni illégaux ni conçus pour faciliter la contrefaçon. Mais la justice a estimé qu'en tant qu'"intermédiaires techniques", ils pouvaient être tenus de contribuer à faire cesser les atteintes aux droits de diffusion. Une lecture fondée sur l'article L.333-10 du Code du sport, et qui ouvre une brèche importante dans la jurisprudence. Les VPN ont désormais trois jours pour appliquer la décision, sous peine de sanctions. Ils devront même afficher le jugement sur leur page d'accueil. Une humiliation symbolique, en plus d'une obligation technique lourde.
IPTV pirate : une victoire symbolique pour Canal+ et la LFP
En , les diffuseurs se livrent depuis plusieurs années à une véritable chasse au piratage, avec le soutien des autorités. Après avoir obtenu des FAI et des résolveurs DNS qu'ils bloquent les sites de streaming illégal, Canal+ et la LFP franchissent une nouvelle étape en visant les VPN. Cette stratégie en tenaille vise à assécher les circuits techniques qui permettent aux utilisateurs de contourner les interdictions. Le problème, c'est que chaque avancée s'accompagne souvent d'un déplacement du piratage : de nouveaux sites apparaissent, des alternatives plus opaques émergent, et les outils de dissimulation deviennent toujours plus sophistiqués.
Le piratage IPTV repose justement sur cette logique d'évasion constante. L'IPTV pirate désigne un système qui permet, souvent contre abonnement, de regarder en direct des chaînes payantes sans autorisation. Les serveurs sont hébergés à l'étranger, les applications évoluent sans cesse, et les utilisateurs ent par des VPN pour brouiller les pistes. En , on estime que des millions de personnes y ont recours. L'attrait est simple : un abonnement de quelques dizaines d'euros par an permet d'accéder à des centaines de chaînes, dont les grandes compétitions sportives diffusées par Canal+, beIN Sports ou RMC Sport.
D'autres pays européens ont déjà pris des mesures drastiques. En Espagne, un vaste plan de blocage mis en place avec la Liga permet de couper rapidement l'accès aux flux pirates dès leur apparition, en collaboration avec les FAI. En Italie, les autorités ont adopté un décret spécial, le Decreto antipirateria, qui permet aux autorités de suspendre les contenus illégaux dans un délai de 30 minutes, sous peine de lourdes amendes pour les hébergeurs. Ces dispositifs s'appuient sur des structures de réponse rapide, qui manquent encore en .
IPTV pirate : une guerre sans fin
Avec cette décision de justice, pirater du foot en utilisant un VPN va devenir beaucoup plus compliqué. Certes, la rattrape partiellement son retard, mais la bataille est loin d'être terminée. Les fournisseurs de VPN ont encore la possibilité de faire appel. Certains pourraient même décider de quitter le marché français, comme l'avait fait OpenDNS (groupe Cisco) en 2023 après une décision similaire.
Pour Canal+ et la LFP, cette victoire judiciaire est stratégique : elle tombe à quelques jours des dernières journées de championnat et de la finale de Ligue des Champions. Mais les restrictions imposées par cette décision de justice seront temporaires : elles ne resteront en vigueur que jusqu'à la fin des compétitions en cours actuellement, soit le 25 mai pour la Premier League, le 31 mai pour la Ligue des Champions, et 28 juin pour le Top 14 de rugby. Pour que cette décision ait un effet durable, il faudra s'assurer qu'elle soit suivie de contrôles, et surtout, qu'elle puisse s'adapter à l'évolution rapide des technologies de piratage. Car, en la matière, l'histoire a déjà prouvé à de multiples reprises que les pirates ne maquaient pas d'ingéniosité pour trouver des failles et contourner les interdictions.