Ce livret d'épargne très populaire n'est pas rentable – Et ce sera pire dans trois mois

Ce livret d'épargne très populaire n'est pas rentable – Et ce sera pire dans trois mois

C'est le produit d'épargne préféré des Français depuis des décennies. Mais avec l'inflation, sa rentabilité est fortement chuté ces dernières années. Et ce sera encore pire cet été, avec une nouvelle baisse de son taux.

Malgré sa popularité indéniable – près de 57 millions de citoyens en possèdent en – le Livret A traverse une crise de rendement historique. Un récent rapport parlementaire, publié le 14 mai 2025, met en lumière une dure réalité : ce placement, bien que sans risque, défiscalisé et permettant des retraits à tout moment, ne protège plus efficacement contre l'inflation. Pis encore, son rendement réel, c'est-à-dire son taux brut diminué de l'inflation, est négatif de manière quasi-systématique depuis 2016, comme le souligne la Banque de . Les députés Jean-Philippe Tanguy et François Jolivet, auteurs du rapport, le martèlent : "Jamais les Français n'ont autant épargné alors que rarement l'épargne n'a aussi peu rapporté."

La douche froide ne s'arrête pas là pour les épargnants. Après avoir déjà été réduit de 3% à 2,4% le 1er février dernier, le taux du Livret A devrait connaître une nouvelle chute significative le 1er août 2025. Les projections actuelles l'estiment aux alentours de 1,7%. Cette baisse annoncée s'explique par la formule de calcul de son taux, qui est une moyenne semestrielle de deux indicateurs clés : l'inflation hors tabac et les taux d'intérêt interbancaires (€STR). Or, l'inflation, qui était de 0,8% en avril selon l'Insee, devrait rester sous la barre des 1% en moyenne sur le premier semestre 2025. Parallèlement, les taux interbancaires, influencés par les décisions de la Banque Centrale Européenne, sont également orientés à la baisse, pouvant atteindre une moyenne de 2,46% sur la même période.

Cette perspective d'un taux famélique n'est pas sans conséquence sur le comportement des épargnants. Selon les projections du rapport parlementaire, une baisse du rendement à 1,75% pourrait inciter jusqu'à quatre détenteurs sur dix à clôturer leur Livret A ou, pour six sur dix, à cesser de l'alimenter. Une véritable onde de choc pour ce placement qui a longtemps été le refuge privilégié des économies françaises. Cette situation souligne l'inadéquation croissante entre les produits d'épargne populaires et la nécessité de préserver le pouvoir d'achat face à la hausse du coût de la vie, même lorsque l'inflation globale semble maîtrisée sur une courte période.

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Face à ce constat alarmant, les députés Tanguy et Jolivet avancent une proposition audacieuse : la fusion du Livret A avec le Livret d'Épargne Populaire (LEP). Ce dernier, réservé aux ménages à revenus modestes, offre un rendement systématiquement indexé sur l'inflation, le protégeant ainsi bien mieux. Dans leur vision, les premiers 10 000 euros déposés sur ce nouveau livret unifié – correspondant au plafond actuel du LEP – bénéficieraient d'un taux garanti au moins égal à l'inflation. Les sommes excédant ce plafond seraient, quant à elles, rémunérées selon la formule classique actuelle du Livret A. Une telle réforme pourrait offrir une meilleure protection aux épargnants, notamment ceux des classes populaires et moyennes actuellement non éligibles au LEP.

L'idée d'un "super livret" protecteur est séduisante, mais sa concrétisation reste pour l'heure incertaine. Le gouvernement et la Banque de se sont montrés peu enclins, ces dernières années, à accorder des "coups de pouce" exceptionnels au taux du Livret A, préférant s'en tenir à la stricte application de sa formule de calcul. Cette rigueur contraste d'ailleurs avec le traitement du Livret d'Épargne Populaire, dont le taux a été maintenu à 3,5% le 1er février dernier, alors que la formule l'aurait fait chuter à 2,9%. En l'absence d'un geste similaire pour le Livret A, ses millions d'utilisateurs devront donc probablement se contenter d'une rémunération de plus en plus symbolique dans les mois à venir, les invitant à explorer d'autres options pour faire fructifier leur pécule.