Zones blanches : l'Arcep se fâche contre les opérateurs de téléphonie mobile

Zones blanches : l'Arcep se fâche contre les opérateurs de téléphonie mobile

L'autorité de régulation des télécoms vient de mettre en demeure les grands opérateurs de téléphonie mobile pour ne pas avoir respecté leurs engagements sur le New Deal Mobile, cet accord qui promettait une couverture totale du territoire.

C'était une promesse forte faite en 2018 : mettre fin aux zones blanches, ces territoires où capter un signal mobile relève de l'exploit. Sept ans plus tard, la fracture numérique est toujours bien réelle dans des centaines de communes françaises. Face à cette situation, l'Arcep hausse le ton. Ce mercredi 7 mai 2025, l'autorité de régulation des télécoms a rendu publiques sept décisions de mise en demeure visant les quatre grands opérateurs français : Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile. Tous sont accusés de ne pas avoir tenu leurs engagements en matière de couverture mobile.

Ces mises en demeure concernent principalement des sites 4G que les opérateurs s'étaient engagés à activer, mais qui sont toujours hors service. Certains de ces équipements étaient attendus depuis plusieurs années. Pour les obligations les plus récentes, datant de juillet 2023, le constat est sévère : SFR n'a activé aucun de ses 40 sites, Free affiche aussi un zéro pointé sur 36, et Bouygues comme Orange ne sauvent l'honneur qu'avec une seule antenne mise en service. Des chiffres qui soulignent une inertie préoccupante, malgré les obligations formelles prises dans le cadre du New Deal Mobile.

New Deal Mobile : des opérateurs qui ne tiennent pas leurs promesses

L'Arcep critique notamment le manque de rigueur dans la gestion de ces projets. Les opérateurs invoquent régulièrement des freins techniques ou istratifs pour expliquer leurs retards : terrains inaccessibles, problèmes de raccordement électrique, autorisations difficiles à obtenir… Mais pour l'autorité de régulation, ces justifications ne suffisent plus. Elle dénonce un manque de documents solides, des calendriers peu fiables et un vrai défaut d'organisation interne chez certains acteurs. Dans plusieurs cas, des communes n'ont même pas d'interlocuteur identifié pour suivre les projets, ce qui alimente la frustration sur le terrain.

La situation est d'autant plus préoccupante que, dans certaines zones rurales, ces antennes représentent bien plus qu'un confort de navigation sur smartphone. Elles sont parfois la seule porte d'entrée vers les services publics en ligne, la scolarité à distance ou encore le télétravail. L'exemple de la 4G fixe déployée par Orange illustre cet enjeu : pour certains foyers dépourvus de fibre ou d'ADSL correct, c'est la seule manière d'accéder à Internet. Or, sur 155 sites promis par l'opérateur, seuls 87 sont aujourd'hui en service.

Face à ces manquements, l'Arcep ne se contente plus de rappels à l'ordre. Elle fixe une date butoir au 4 août 2025 pour les sites les plus récents, et demande aux opérateurs un suivi rigoureux, site par site. Des preuves concrètes devront être fournies : baux signés, permis obtenus, calendriers détaillés. Et cette fois, en cas de retard non justifié, des sanctions financières pourraient tomber. Un tournant ferme dans le dialogue entre l'autorité et les opérateurs, qui pourrait aussi marquer un réveil tardif mais nécessaire du secteur.

La promesse d'un territoire totalement connecté est donc loin d'être tenue. Si le New Deal Mobile n'est pas encore un échec, il est désormais sur la sellette. Les mois à venir diront si les opérateurs prennent enfin la mesure de leur responsabilité. En attendant, pour les habitants des zones blanches, l'espoir d'une couverture digne de ce nom reste suspendu à des pylônes… toujours absents.